Recueillement

Tout dans ce texte amène étrangement à l’apaisement et à l’acceptation des maux humains. Combien de fois m’aura t’il soulagé d’une peine, d’un chagrin, me permettant à moi aussi de considérer cette douleur et de lui demander de se tenir tranquille, comme à une vieille amie avec qui on fait la route depuis un bon moment. Entends cette douce nuit qui marche, elle nous permettra de sombrer dans l’oubli jusqu’à l’aube et de dormir tranquille. L’un des plus beaux textes en langue française que je connaisse. Je me suis toujours dit qu’il ferait un très beau texte de chanson, la musicalité y étant native. Un jour peut-être, qui sait ?

« Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille,
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci,

Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma douleur, donne-moi la main; viens par ici,

Loin d’eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;

Le Soleil moribond s’endormir sous une arche,
Et comme un long linceul traînant à l’Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche. »

Recueillement